"Gardez les pieds sur terre, mais laissez votre coeur s'élancer aussi haut qu'il le désire"
Aiden Wilson Tozer
Second pari : l'équilibre.
Le choix qu'elle avait fait reposait sur l'utilisation des compétences permettant de pallier au manque de force brute. Après l'endurance, qui devait lui permettre de tenir la distance, venait l'équilibre, selon sa vision des choses.
Elle n'était pas militaire de formation, enfin pas encore, aussi ne pouvait-elle se fier qu'à son instinct et son bon sens.
Mais autant il était facile de s'entrainer à l'endurance, autant il était plus difficile de concevoir un entrainement d'équilibre... Ils en avaient longuement parlé, avec les miliciens qui s'étaient passionnés pour ses courses, et finalement, ils étaient parvenus à une première idée.
C'est ainsi qu'ils organisèrent, une demi-heure par jour, des joutes amicales à l'aide de bâtons, pieds nus dans les ruisseaux sauvages qui coulaient parfois, entre les roches ou au pied d'un orgue de pierre. Ces ruisseaux n'étaient pas très épais, mais le courant était souvent impétueux, et les rochers lisses qui en formaient le fond se révélaient souvent traitres : glissants, inégaux, on avait vite fait de se blesser ou de trébucher et s'étaler dans l'eau fraiche si l'on avait pas le pied sûr.
Ces entrainements étaient extrêmement divertissants et la fraicheur de leurs baignades impromptues bienvenue après leur course d'endurance. Cependant, à force de se blesser les orteils, on en vint à songer à une autre idée.
Et l'on vit, cabriolant sur les souches et ponts de branches, des duelistes au bâton s'échinant à ne pas céder à la pesanteur. Le petit groupe aménagea un coin de bosquet, au dessus d'un des petits ruisseaux qu'ils utilisaient avant, en y installant plusieurs petits troncs, plus ou moins étroits, sur lesquels ils s'entrainèrent. Les chutes étaient rudes, car le ruisseau n'avait qu'une profondeur relativement faible, mais elles restaient supportables, les troncs ne s'élevant qu'à un mètre au plus au dessus de l'eau.
Il leur fallut plus de temps pour maîtriser leur équilibre, car l'usage du bâton et la simulation de combat leur compliquait la tâche, mais, peu à peu, ils finirent par se sentir à l'aise sur ces branches, sans pour autant faire de cabrioles. Avec satisfaction, ils réalisèrent qu'ils venaient d'accomplir le second pari.
Oh, il resterait largement de quoi se perfectionner, ils n'avaient encore rien de ces agiles écureuils qui les toisaient parfois d'un air rigolard. Cependant, Maëlie ne put s'empêcher d'éprouver une certaine fierté à ce petit accomplissement.
Elle fixait les rongeurs qui chahutaient entre les branches, au dessus d'eux. Un jour, peut-être...